TUNISIE, L’EXIL D’UNE JEUNESSE NAUFRAGEE
Depuis 2018, le nombre de candidats à la traversée vers l’Europe s’est fortement accrue en Tunisie. Les chiffres auraient été multipliés par 10 en à peine un an. Plus de 6000 Tunisiens, auraient tentés d’atteindre les côtes italiennes selon le Forum Tunisiens des Droits Economiques et Sociaux (FTDES). En 2019, un rapport de la BBC News Arabic et l’Arab Barometer place la Tunisie en seconde position des peuples les plus « déprimés » de la région Maghreb-Moyen-Orient, après l’Irak.
Travail, chômage, inégalités, répression policière, corruption, terrorisme: ces jeunes des régions défavorisées du centre-ouest de la Tunisie, continuent de vivre dans une frustration quotidienne où les espoirs apportés par la révolution semblent bel et bien envolés. Le manque de perspectives les pousse à chercher un avenir meilleur en Europe et ils sont aujourd’hui prêt à tout pour quitter leur pays, seul rescapé des « printemps arabes ».
Sous la dictature de Z.A Ben Ali, ces régions ont subi une marginalisation volontaire sur le plan économique, sociale et humain, renforçant ainsi la fracture entre les régions et le sentiment d’injustice qui ont donné naissance aux premiers soulèvements populaires, en 2008 à Gasfa puis en décembre 2010 suite a l’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid.
Après l’écriture de la nouvelle constitution signée en 2014, le principe de discrimination positive pour ces régions a été inscrit dans le texte afin de corriger ces inégalités. Mais face au manque de développement concret, le nombre de candidats au départ des jeunes issus de ses régions continue d’augmenter.
Ce travail cherche à explorer la vie quotidienne de cette jeunesse, véritable zones d’ombres que la dictature a entretenu pendant des décennies, pour comprendre ses préoccupations, ses besoins, ses aspirations et les raisons qui peuvent les pousser à partir.
Série en cours – 2018 -2019 –